Mise à la terre

Mise à la terre des anciennes installations sans électrode de terre

Nous avons l’obligation de réaliser des électrodes de terre pour toutes les installations neuves. Toutefois il n’est pas rare que, dans d’anciens bâtiments, celles-ci soient simplement inexistantes ou interrompues, comme par exemple lorsque le distributeur d’eau remplace une canalisation en métal par une canalisation en plastique.  Nous allons voir quelles doivent être les solutions adéquates à mettre en place lorsque nous sommes en présence d’une telle situation, lors de travaux ou d’un contrôle périodique.

Cas 1 : Agrandissement d’une installation sans électrode de terre
Un agrandissement ou une extension doit être faite selon les règles de la technique les plus récentes. Pour l’installateur-électricien, il s’agit aujourd’hui de la NIBT 2015. Il est donc obligatoire de créer une électrode de terre. Le choix de l’électrode est du ressort du distributeur, qui impose la ceinture du radier comme électrode de terre sauf dans des cas très particuliers comme par exemple une construction au standard Minergie®. Dans le cas qui nous intéresse, on peut se contenter de ne ceinturer que la nouvelle surface.
Cette ceinture peut se faire avec les matériaux usuels comme par exemple une corde en cuivre ou en acier, un ruban posé de champ (vertical) ou encore un fer à béton d’un diamètre minimum de 10 millimètres.

Cette photo ne montre pas un exemple d’une réalisation bien faite. Idéalement, les deux points de raccordement devraient se situer dans deux angles opposés au sous-sol du bâtiment. En pratique cela pose souvent des problèmes trop importants, on se contentera dans ce cas d’être dans la même pièce, mais avec les points de raccordement le plus éloigné possible l’un de l’autre.

Cas 2 : Création d’une électrode de terre et/ou de la LEP
Lorsqu’un installateur doit faire des travaux dans un immeuble sans électrode de terre et/ou sans liaison équipotentielle de protection (LEP), il n’est théoriquement pas obligé de procéder à la pose de cette électrode ou de la LEP. Toutefois, vu l’importance de ces mesures de sécurité, les distributeurs se sont mis d’accord pour en rendre la pose obligatoire si cela ne génère pas un surcoût global de plus de 5% du prix des travaux. Ils se réservent le droit de demander une copie des devis aux propriétaires à des fins de vérification.  D’un point de vue éthique, chaque installateur se devrait d’en faire la proposition même s’il est évident que cela créerait une augmentation des coûts des travaux supérieure à 5%. Il se doit d’en expliquer les avantages au client afin de le convaincre du bien-fondé de cette mesure. Même si le client n’est pas prêt à faire tout de suite cette dépense, pour des raisons financières par exemple, il est probable que, lors d’une prochaine intervention, il puisse se décider à amener le niveau de sécurité de son installation à celui en vigueur actuellement.

Les moyens pratiques pour créer l’électrode de terre sont :
–    la pose de piquets de terre si les locaux s’y prêtent comme c’est souvent le cas, par exemple, dans les emplacements agricoles ou exploitations horticoles ;
–    la pose enterrée de 15 mètres de ruban à une profondeur de 70 cm, aisée à réaliser si des fouilles sont prévues (changement de conduites électriques, eau ou gaz par exemple) ;
–    il est également possible de se raccorder avec le fil de terre sur deux fers à béton verticaux trouvés dans les murs extérieurs.

Lors d’un contrôle périodique, la LEP doit être exigée dans toutes les installations dont la périodicité de contrôle est inférieure à vingt ans  ou si une installation de protection contre les effets de la foudre (paratonnerre) est installée.

Cas 3 : Renonciation à l’établissement de l’électrode de terre
Les buts des électrodes de terre et des LEP sont de diminuer le temps de réaction des organes de protection en cas de tension de défaut supérieure à 50 V AC et de diminuer les tensions de contact. Pour y arriver, il est indispensable que leur impédance soit la plus basse possible.
Dans un réseau maillé, tous les conducteurs PEN des distributeurs sont reliés entre eux, reliant du même coup toute les électrodes de terre. Cela contribue à améliorer l’ensemble des liaisons à la terre en augmentant le courant de court-circuit.

Dans un lotissement à fort taux d’occupation, la qualité de la mise à la terre tend à être meilleure que celle d’un lotissement de moindre densité de construction.
Dans certains cas – par exemple un coût de réalisation beaucoup trop élevé – il est donc possible de renoncer à la pose ou au remplacement de l’électrode de terre, par exemple lorsque le tuyau d’alimentation d’eau froide servait de prise de terre et qu’il est remplacé par un tuyau en matière isolante. Pour cela il faudra dans tous les cas obtenir l’accord du distributeur qui pourra évaluer la qualité du réseau dans un lotissement.

Sources
NIBT 5.4
info 2095
Guide administratif et  technique à l’intention des instances de contrôle et des installateurs

Texte rédigé par
Denis Schneider
CPMB, Colombier
Illustrations, photo :
Denis Schneider