Courants de court-circuit

Contrôle des courants de court-circuit

Pratique de la mesure

La mesure de la résistance de boucle se fait à toutes les prises terminales et aux appareils terminaux reliés avec un conducteur de protection (classe de protection 1). L‘installation reste en service durant ce contrôle. On procède généralement à des mesures monophasées. Il est souvent difficile de faire cette mesure sur des appareils à raccordement fixe. On peut dans ce cas faire la mesure entre une phase d‘une prise à proximité et la carcasse de l‘appareil à tester. Si le résultat de la mesure est une valeur trop basse, il faut faire la mesure avec les conducteurs de phase de l‘alimentation de l‘appareil.

Pour une analyse correcte de la valeur, il faut considérer que le courant de court-circuit minimum dans la canalisation ne vaut que les deux tiers (0,66) de la valeur mesurée. En effet la mesure se fait à température ambiante alors qu‘avec l‘augmentation de la température du conducteur, à peut-être plus de 100 °C, sa résistance va augmenter, ce qui diminue la valeur du courant de court-circuit. D‘autre part les appareils de mesure font des erreurs. Dans le cas de la mesure du Icc, l‘appareil calcule en réalité la résistance de boucle et cette valeur est très faible. Plus la valeur est faible, plus l‘erreur peut être grande. Pour de petits courants de court-circuit et en connaissant les caractéristiques de son appareil de mesure, la correction du facteur 0,66 est admissible jusqu‘à un coefficient de 0,75, ce dernier étant la valeur à prendre lorsqu‘aucune mesure n‘a été faite (Icc déterminé par calcul).

 

Dans quels cas faire cette mesure ?

Dans certains cas cette mesure n‘est pas obligatoire, toutefois elle permet de s‘assurer de la qualité d‘autres éléments de l‘installation qui, s‘ils ne doivent pas être inscrits dans le protocole, doivent être vérifiés : tension d‘alimentation, emplacement et présence de tous les conducteurs. Une différence importante de valeurs mesurées entre deux appareils alimentés en série présage un défaut futur.

Cette mesure n‘est pas obligatoire dans les cas où le risque de court-circuit est négligeable. Elle ne l‘est pas non plus si l‘installation est précédée d‘un DDR 30 mA et ni si la courbe du disjoncteur est de type B ou C. En effet du point de vue de la protection des personnes, si un défaut présente une tension supérieure à 50 V, le temps de coupure maximum est de 300 ms ce qui est inférieur aux 400 ms indiqués dans la NIBT. Un contrôle du DDR est par contre indispensable.

Il peut arriver que le court-circuit ait lieu entre phase et neutre au lieu de phase-PE, dans ce cas il n‘y a pas de tension de défaut. Le temps de coupure n‘est plus de 0,4 seconde au maximum. Le DDR ne déclenche pas dans ce cas (pas de courant dans le PE ou la terre). Il faut donc uniquement vérifier que les conducteurs ne surchauffent pas exagérément. Habituellement les installateurs font une relation entre la section de la ligne et le coupe-surintensité qui la précède (1,5 mm2 = 16 A ;
2,5 mm2 = 20 A ; 4 mm2 = 25 A, etc.) Dans ce cas, et pour des disjoncteurs B ou C, le disjoncteur coupe toujours avant que la canalisation n‘atteigne 150°C (le cas du 16 A sera traité dans le prochain numéro).

Sur ce diagramme, adapté aux disjoncteurs de 13 A et pour une isolation au PVC (fils T ou câble TT), on constate que – pour tous les courants – la coupure du disjoncteur aura lieu avant que les fils de 1,5 mm2 (ou les autres sections) n‘atteignent 150 °C si le disjoncteur est de type B ou C. Par contre, pour un disjoncteur D, il faut avoir un courant d‘au moins 260 A pour assurer la coupure suffisamment rapide. Pour des courbes avec d’autres disjoncteurs, consulter www.installations-electriques.net/Instal/courbes.htm

Par contre lorsque la section n‘est pas adaptée à l‘intensité du disjoncteur placé en aval (canalisation sans risque de surcharge, par exemple un moteur protégé par un thermique de 14 A, section de la ligne 1,5 et disjoncteur 20 A en aval) ou si le disjoncteur est de type D, il faut toujours faire la mesure, même en présence d‘un DDR. Dans ce cas la mesure Phase-Neutre est même plus pertinente que la mesure phase-PE.

Le mesurage reste obligatoire dans le cas où on a un DDR de type sélectif en amont de la canalisation, car il est admis que le temps de coupure de ce genre de DDR soit de 0,5 seconde au lieu de 0,3. Ce temps est trop long du point de vue de la protection des personnes.

Comment rendre conforme une installation ?

Certains n‘hésiteront pas à dire que refaire la mesure à un autre moment est une solution. La valeur mesurée peut effectivement subir de grosses variations selon si on mesure une ligne à 6 heures du matin, lorsque toutes les lignes sont froides, ou si on la mesure à 11h30 quand on a une charge maximum. Toutefois, le bon praticien adapte le facteur k [AS0.5/mm2] en fonction de la température de la canalisation, ce qui tend à diminuer les écarts entre des mesures faites à différents moments de la journée .

Lorsque le temps de coupure est trop important, il y a plusieurs solutions pour rendre l‘installation conforme :

  • vérifier si la tension de défaut est inférieure à 50 volts (dans ce cas l‘installation est conforme) ;
  • poser un DDR 30 mA non sélectif en amont de la canalisation ;
  • changer la caractéristique du disjoncteur (par exemple passer d‘un C à un B) ;
  • augmenter la section des fils ;
  • créer des liaisons équipotentielles supplémentaires (limite la tension de défaut) ;
  • vérifier le Icc au coffret (dans les installations existantes, il peut arriver que ce soit au distributeur de changer son câble d‘alimentation).
Sources :
Infos : 2075, 2109
NIBT 2015 : 4.1.1 ; 4.3 ; 4.4 ; 5.2.3.1 ; 5.2.3.1.1.15 ; 6.1.3.6
Denis Schneider
CPMB – Colombier